Une nouvelle truffe parmi les élèves. (pv: Nina Bogdanov) [Terminé]

Alors que je réfléchissais, j’entendis au loin le bruit des gravillons du chemin, quelqu’un devait probablement arriver au pensionnat. J’étais bien installé donc je décidai de ne pas changer de position pour voir qui c’était, tant qu’elle n’arrivera pas à ma hauteur. Cette rencontre suscita chez moi pas mal de questions : Etait-ce un homme ? Une femme ? Un élève ? Un surveillant ? Un étranger ? Et si c’était quelqu’un de mon âge ?! Bon, faut que je me calme, c’est pas parce-que ça fait longtemps que je n’ai pas parlé avec quelqu’un de mon âge que ça va mal se passer… Une fois que j’arrêtai de penser tout cela, l’individu devait être, d’après le bruit des pas, à une trentaine de mètres de la grille. Une nouvelle odeur vint à mon museau, elle était assez particulière, plutôt douce et plaisante, je la sentais de mieux en mieux étant donné que la personne se rapprochait de moi.
Tout à coup, j’entendis le portail s’ouvrir et je sentis mon corps avoir brutalement la chair de poule. J’entendis et sentis cet individu se diriger vers moi… Soit cette personne allait dans le hall, soit elle venait pour moi.
C’est alors qu’elle m’adressa la parole :

-Salut, tu rentres pas ? T'es nouveau ?

Sur le coup je fus surpris d’entendre une petite voix qui était loin d’être agressive ou menaçante, c’était une femme apriori. Je baissai alors la tête pour mettre un visage à ce que l’on venait de me dire, et là ce fut un choc. Mon regard se déposa d’abord sur une petite coupe de cheveux blonds et longs, qui reflétaient le soleil qui y posait ses rayons. Je descendis donc mon regard vers le sien et je me retrouvai en train de la regarder, droit dans les yeux. Ces yeux étaient vraiment étranges, je ne savais même pas le terme pour décrire une personne ayant les yeux de couleur différente. L’un était vert, l’autre était mauve, c’est un duo qui se mariait bien d’après ce que j’avais en face des yeux et je me perdis alors quelques instants tellement j’étais ébahi de voir cela… Puis ensuite je me rappelai qu’elle m’avait adressé la parole et décidai donc de lui répondre.
Ma bouche s’ouvrit toute seule pour laisser sortir les paroles suivantes :

-Heu, mademoi’ pardon, madame bonjour, je me présente, je m’appelle Naebwyn Canis-Hûn, je viens d’arriver, enchanté de faire votre connaissance. Je suis nouveau et je suis arrivé il y a quelques minutes. Pourriez-vous m’aider à trouver mon chemin ou un responsable s’il-vous-plait? Enfin s’il y en a, quand je suis rentré il y a quelques instants je n’ai trouvé personne…

Je pensai alors : quel idiot tu fais, tu pourrais au moins parler correctement en arrivant dans un endroit que tu ne connais pas. Pour quoi tu vas passer maintenant aux yeux de cette fille si tu es hésitant et que tu rougis après un simple bonjour…

Lorsque je finis de lui parler, je vis qu’elle esquissait un début de sourire et que son regard devenait légèrement joyeux. Comment je venais de lui parler était plutôt drôle à ses yeux à première vue, mais au moins elle ne l’a presque pas montré, et je trouve ça assez gentil de sa part.

Elle déclara alors, toujours ce petit sourire aux lèvres :
-Pas la peine de me vouvoyer ou de m'appeler mademoiselle... Je ne pense pas être plus vieille que toi, et même si j'étais ton aînée de quelques années, tu n'aurais pas à me vouvoyer...

Maintenant qu’elle dit ça, oui c’est vrai, j’ai un peu abusé sur ce coup-là, ça a dû être vexant pour elle que je l’appelle madame et que je la vouvoie. Et bah c’est du joli mon gars, toi qui voulait faire le gentleman, t’en as trop fait…

Elle s’arrêta puis repris :
-Il n'y a personne dans le hall ? C'est plutôt étrange. En général, les surveillants viennent accueillir les nouveaux élèves...
Elle rentra dans le hall puis se retourna pour me dire en me regardant :
-Il fait beau, tout le monde doit être dans la cour ou entrain de se balader dehors...
Ensuite elle détourna son regard et ajouta après avoir poussé un soupir :
-Bon, eh bien c'est à moi de te guider je suppose.

Elle me fit signe de la tête en direction du hall, et j’en déduis que l’on allait dans le hall. Je commençais donc à la suivre en me posant plein de questions sur cette fille. Etait-elle une élève, une surveillante, ou un professeur ? Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Et surtout, comment s’appelait-elle ?

Et tout à coup, elle s’arrêta, se retourna et me dit :
-Au fait, moi c'est Nina. Toi c'est... Naebwyn, c'est ça ?

Je rétorquai :
-Oui oui c’est bien ça.

J’étais un peu gêné par la situation, je me suis demandé quel était son prénom, puis elle m’a adressé la parole juste après pour me le dire, c’est étrange comme coïncidence. Etant un peu curieux et voulant en savoir plus sur elle, je tentai de lui poser un question à mon tour :
-Et vous Nin’… toi Nina, désolé, tu as quel âge ? Pour ma part, j’ai 20 ans.

Ma question était un peu déplacée mais je voulais en apprendre plus sur elle, cette fille dégage quelque chose de particulier. Et ce regard qu’elle a, il vous changerait du plomb en or tellement ses yeux sont impressionnants. Mais il n’y a pas que ça, vu son physique et comment elle parle, elle doit être jeune tout comme moi, et je pense qu'elle est élève ici au pensionnat Kageshiro. Si oui, se-pourrait-elle qu’elle soit comme moi, qu’elle ait un pouvoir, ou quelque chose de bizarre qui justifierait sa présence ici?

Elle répondit alors à ma question :
-J'ai 19 ans.

Tiens donc, je pensais qu’elle était plus jeune. Au moment où elle me répondit, je vis un sourire sur son petit visage, je ne sais pas pourquoi elle souriait, mais je n’eus pas beaucoup de temps pour l’observer étant donné qu’elle se retourna rapidement. Nous nous dirigeâmes alors dans le hall ou juste après être entrés, Nina ferma la porte derrière nous. C’est alors qu’après être rentré, elle s’arrêta quelques instants devant moi, peut-être cherchait-elle ou elle allait me conduire… Je me mis donc à observer un peu comment c’était autour de moi, la pièce était propre et bien entretenue, il faisait ni trop chaud, ni trop froid, et l’odeur était neutre. Je pensai alors quelques instants à ce que j’avais vécu, j’espérai réussir à m’intégrer correctement dans ce pensionnat, et j’espérai aussi ne pas être mal vu par les autres élèves. Une chose était sûr, je ne comptais pas parler d’Ayase pour le moment, à moins de vraiment sympathiser ou devenir proche d’un autre élève, qui une fois que j’aurai confiance, serait à même d’en apprendre plus sur ce que j’ai vécu.

Après ce petit détour dans mes pensées, je me remis à penser au moment présent, et à Nina qui se tenait encore devant moi. Elle semblait inquiète ou préoccupée par quelque chose, mais ne l’a connaissant que depuis peu, je décidai de ne pas poser de questions et patienter sagement derrière elle. Elle se retourna alors pour me poser une question :

-T'es cheveux, c'est une teinture ou ça fait parti de ton pouvoir ?

Puis elle enchaina tout de suite en expliquant pourquoi elle me posait cette question :

-Euh... je dis ça parce qu'avant, mes yeux n'étaient pas comme ça... tu l'auras remarqué, ils sont pas très communs...

Je restais alors silencieux quelques secondes, fixant ses 2 jolis yeux, qui ne cessaient de m’impressionner. Je me demandais alors pendant deux ou trois secondes si je devais lui raconter pourquoi j’avais les cheveux blancs, ou si je devais cacher mon histoire et ce qu’il m’était arriver. Devant cette fille unique en son genre, qui ne semblait pas bien méchante et qui était franche, ma décision fut très vite prise, et je lui dis:

-Nan nan c’est pas une teinture, et ça fait pas vraiment parti de mon pouvoir, c’est une des conséquences de ce qu’il m’est arrivé. En fait, lors de ma première transformation en loup-garou, durant une nuit de pleine lune, quand je suis redevenu humain, j’avais les cheveux et les yeux blancs. Mais avant cela, j’étais brun aux yeux marrons, ce qui était plutôt commun en fait…

Dis-moi, comment ça s'appelle lorsqu'on a les yeux de couleur différente? dis-je timidement le regard fuyant, ayant peur de l'offenser.

Voilà une bonne chose de faite me dis-je, je lui avais expliqué pourquoi j’avais les cheveux blancs, et en même temps en quoi consistait une partie de mon pouvoir. J’aimerai bien en savoir un peu plus sur elle moi aussi, mais vu la légère absence qu’elle a eu il y a peu dans le hall, et l’air qu’elle avait, je ne voudrai pas heurter un point sensible en lui posant une question à l’aveuglette…

Après lui avoir parlé, je senti tout de suite qu’à partir du mot loup-garou, quelque chose avait changé chez elle, elle était effrayée. Elle était glacée par cette peur qui vous empêche de réagir ou de faire quoi que ce soit. Puis elle parvint à dire :

-Un loup... garou ?

Vu comment elle venait de dire cela, elle ne simulait pas son ressenti à propos de ce que j’avais dit et de ce que j’étais, un loup-garou. Je ne savais pas vraiment comment réagir, si je devais la rassurer, ou simplement lui dire d’oublier ce que je venais de lui avouer… Etant donné sa réaction, elle savait de quoi étaient capables les loups-garous, car nous sommes des êtres qui existent depuis longtemps, j’ai appris cela dans les livres que j’avais parcouru une fois au détour d’une bibliothèque. Mais pas seulement, ses bêtes sont plutôt cruelles et violentes, et ne se contrôlent pas toujours. Ça me mettait mal à l’aise de savoir qu’elle avait peur de moi, et je regrettai donc de lui avoir dit que j’étais un des leurs.

Tout à coup, son expression changea et elle reprit confiance en moi, elle répondit alors à ma question que je pensais oubliée :

-Ce sont des yeux vairons. Ou bien tu peux appeler ça une hétérochromie, mais c'est quand même plus compliqué à prononcer...

Au moment où elle me donna cette brève explication, son petit sourire était revenu sur son visage et il était suffisant pour effacer les doutes qui s’étaient installés en moi par rapport à la peur de moi qu’elle avait un peu plus tôt. Je la vis alors partir vers le bureau de l’accueil. Moi qui pensait qu’elle allait passer derrière ou nous dire d’attendre ici, je fus étonné de la voir se pencher au-dessus du bureau pour chercher de la paperasse. Penchée comme cela, je ne pus éviter de voir ses belles petites jambes avec ses grandes chaussettes grises qui lui remontaient jusqu’aux genoux. Je fus tout de suite émoustillé par la vue de ses fines jambes et décidait de détourner le regard avant de me faire remarquer et de passer pour un vicieux. Evidemment, les petites rougeurs au niveau de mes joues, elles, ne disparaitraient pas instantanément. Elle me questionna alors :

-Euh, tu t'es inscrit pour être un élève, c'est ça ?

Je tentai alors de répondre comme je le pouvais sans faire entendre ma gène :

-Moi heu, oui, c’est pour… pour être élève. Je…je suis pas le genre de personne autoritaire qui peut être prof’ ou surveillant.

Et bah c’est malin Naebwyn, toi qui voulait sembler naturel, elle va se douter de quelque chose. Cette timidité va finir par m’attirer des ennuis. Heureusement que j’avais réussi à détourner le regard pour essayer de penser à autre chose et me calmer un minimum…

Nina continuait à fouiller derrière le bureau et moi je patientais pendant ce temps. J’avais toujours le regard un peu à l’écart d’elle car elle était dans une position délicate. Puis je la vis sortir un papier du tas et commencer à le lire. Etant dans son dos et pas si loin que ça, je parvins à distinguer assez facilement l’entête de cette feuille, il était écrit « nouveau ». Je me doutais alors que j’étais présent dessus, mais je ne voulais pas la stopper dans son élan ou qu’elle croit que je la prenne pour une incapable, et je décidais de ne pas l’interrompre. C’est alors qu’elle se releva du bureau, se retourna vers moi et s’approcha à environ un mètre de moi. Ensuite, elle leva légèrement le visage et me fixa dans les yeux trois secondes environ. Ces trois secondes durèrent plus que ça pour moi, car j’étais du coup mal à l’aise et j’avais peur qu’elle comprenne la gêne que j’avais lorsque j’avais répondu à sa dernière question. Mais d’un autre côté, la honte se fit rattraper par ma timidité, une fille aussi belle, proche de moi, avec des yeux fantastiques comme les siens qui me fixaient droit dans les yeux, c’était quelque chose que je n’avais jamais connu comme sensation. D’un coup, elle tourna la tête vers le bureau puis me regarda à nouveau. Elle venait de comprendre ce que j’avais vu, elle devait maintenant me prendre pour un de ces types obsédés par les fesses et rien d’autre que le physique des filles… Je vis alors une couleur rouge/rose vif lui monter aux joues, et s’en suivit son regard qui prit la fuite à cause de la situation et de la gêne qui s’emparait d’elle. Elle me tendit la feuille en disant avec une petite voix :

-Euh... Regarde si y'a ton nom d'écrit là-dessus ! On saura peut-être quelle chambre on t'a donné…

Je pris la feuille et commença à lire ce qu’il y avait d’écrit dessus. Je ne mis pas longtemps à trouver mon nom et ma chambre. Il y avait une petite notation au crayon gris juste en dessous : pourvoir inconnu. En effet de ne l’avait pas dit lors de mon coup de téléphone précédant mon arrivée. J’avais donc été assigné à la chambre 16, dans le dortoir des garçons. Pendant ce temps, j’avais aperçut du coin de l’œil Nina qui s’était appuyé sur le bureau à quelques mètres de là, alors que je finissais de lire la feuille. Au moment où j’avais relevé la tête après ma lecture, je m’aperçut qu’elle était en train de me détailler, cela me gêna quand même un peu, j’étais pas habitué à attirer les regards. Elle me demanda :

-Alors... tu trouves ?

Tiens donc, pourquoi m’avait-elle regardé comme ça ? Mettons ça sur le coup de la confusion, peut-être qu’elle me prenait pour un moins que rien maintenant, vu que j’avais pu la détailler quand elle était dans une position pas très convenable avec une jolie jupe comme la sienne. Je rejetais un rapide coup d’œil sur le papier entre mes mains pour une brève vérification, et ensuite je lui répondis en la regardant dans les yeux :

-Oui y’a mon nom d’écrit la dessus, et je suis chambre 16 d’après ce que j’ai lu.


Je pris mon courage à deux mains, et décidai d’aller m’appuyer sur le bureau comme elle elle avait fait au préalable. Evidemment, le bureau ne faisait pas vingt-cinq mètres de large, et je n’avais pas beaucoup le choix pour choisir l’endroit ou m’appuyer, je décidai de me mettre ni trop près, ni trop loin d’elle, on va dire un mètre d’écart environ, distance correcte pour une petite discussion. Je tournai et levai alors la tête vers elle et lui posait une question :

-Ça fait longtemps que tu es pensionnaire ici ? Et toi aussi tu as un pouvoir ?

J’espère ne pas avoir été trop direct, enfin, de toute façon, j’allais vite être fixé sur mon sort. Moi et ma curiosité des fois, ça le fait pas...

Une fois ma question posée, son regard quitta le mien pour fixer dans le vide. Elle devait surement peser le pour et le contre sur ce qu’elle devait me dire ou non. Elle avait l’air plongée dans ses pensées. C’est alors, qu’après être restée immobile à réfléchir qu’elle passa sa main sur sa nuque, puis elle tourna la tête vers moi et dit :
-Ça doit faire deux mois, environ.

Elle enchaina, l’air un peu plus sûr :
-Tu verras, tu te plairas ici. Pour ce qui est de mon pouvoir...

Elle se redressa du bureau pour aller vers le petit coin détente avec des fauteuils dans le hall. Ensuite, je la vis se baisser près du canapé imposant, et elle le souleva avec facilité au-dessus de sa tête. Alors que j’étais subjugué par ce que je voyais devant moi, elle se tourna vers moi, toujours en train de porter le canapé et me dit, l’air un peu ailleurs:
-... je pense pas que tu ais besoin d'une autre explication ?

Elle reposa le meuble au sol, nettoya ses petites mains, et revint vers le bureau en m’adressant la parole :
-Ça peut être aussi pratique qu'embarrassant... Tout le monde ou presque a un... "don", ici.

Une fois appuyée, elle me demanda :
-Et toi, c'est quoi ton pouvoir ? Tu m'as dit que t'étais un loup-garou mais... est-ce que t'as d'autres particularités ?

Pourquoi avait-elle parlé de son « pouvoir » avec ce ton, on dirait que c’est un fardeau pour elle… N’a-t-elle jamais utilisé son pouvoir à bon escient ? Elle qui voulait en apprendre un peu plus sur moi, je vais lui parler de mon pouvoir. Je pris alors la parole pour lui répondre :

-Mon pouvoir ? Bah c’est d’être un loup-garou. En fait je peux me transformer en loup-garou, sur ce point je ne te fais pas un dessin. Lorsque je ne suis pas transformé, j’ai un peu plus de force, d’odorat, et de rapidité qu’un homme normal. Pour comparer, on va dire que j’ai autant d’odorat qu’un loup ou un chien. Et niveau « puissance », j’ai un petit peu plus de force que les garçons de mon âge, mais rien d’aussi impressionnant que la démonstration que tu m’as faite il y a un instant. Ah et aussi, je cours un petit peu plus vite que la moyenne, je pense qu’avec de l’entrainement, je pourrai peut-être faire carrière dans le sport, qui sait… Mais mon « don » comme tu l’appelles me dérange un peu, car je ne le contrôle pas toujours.
En effet, je ne me transforme pas toujours volontairement en loup-garou, et ce genre de chose arrive quand c’est la pleine lune et que je ne fais pas attention. Il m’arrive aussi de me transformer involontairement quand mon corps et mes sentiments sont mis à rude épreuve. Si je suis choqué par quelque chose ou que quelqu’un qui m’est proche est en danger, il est probable que je me métamorphose. Puis sinon le reste du temps, je parviens si les conditions nécessaires sont réunies, à me transformer volontairement et appréhender un peu mon autre moi. Car si tu veux, quand je suis en loup-garou sans le vouloir, la bête prend le dessus sur moi, et ceux ne sont plus mes instincts d’hommes, mais ceux du monstre qui prennent le dessus. Et tout cela fait que je ne contrôle plus rien dans cet état s’il n’était pas voulu, et je peux devenir dangereux…

Avec cette dernière phrase, je repensais à mon amie que j’avais tué. Ce que j’avais fait était affreux, et je ne l’oublierai jamais. Si bien que lorsque je voulu reprendre la parole, je n’y parvins pas, et me frotta les yeux quelques instants pour essayer de faire le point et penser à autre chose. Nerveusement, mon autre main qui était sur le bord du bureau s’était contractée, pour serrer le bord du bureau, car je regrettai ce que j’avais fait et mon corps répondait à ce que je pensais. Je séchais alors les larmes qui perlaient au bord de mes yeux pour reprendre l’air habituel que j’avais. Je ne voulais pas que ma charmante voisine se rendre compte de mon air dépité.

Je me mis un peu plus en arrière sur le bureau, puis mis mon pied gauche sur le bord du bureau. J’ai levé le bas de mon pantalon, baissé un peu ma chaussette pour montrer les marques de dents que j’avais sur la cheville. Je tournai alors la tête vers Nina, en esquissant un léger sourire pour effacer mes pensées à propos d’Ayase et de ce que j’avais fait, puis je poursuivie :

-Tiens regarde, c’est la marque que le loup qui m’a mordu m’a laissé en souvenir. C’est à cause de ça que je suis devenu un loup-garou. Je me demande encore pourquoi il a fallu que ça m’arrive à moi…

Et toi ton pouvoir, il consiste seulement à pouvoir porter des canapés ? Ou tu as d’autres capacités à côté. Rajoutai-je avec un sourire plus prononcé pour montrer que je plaisantais un peu avec elle.

Je me rendis compte juste après cette question simple avec une pointe d’humour que sa compagnie ne m’était pas indifférente, et que j’étais impressionné par cette femme. Ses yeux et son « don » sont pour moi quelque chose de fascinant. Et je dois l’avouer, on ne voit pas quelqu’un comme ça tous les jours.

Alors que je lui avait montré ma cicatrice, j’avais remarqué qu’elle était contrariée par ce qu’elle voyait, elle fronçait les sourcils, lui donnant un petit air sérieux. Avait-elle de la compassion pour ce qui m’était arrivé?
Juste après avoir parlé, elle me regarda en mettant ses mains sur ses hanches pour me dire en plaisantant :

-Parce que ça te convient pas ? Je compte bien faire porteuse de canapé professionnelle !

Ça me fit rire sur le coup car j’avais trouvé ça drôle, et puis j’aimais bien ce genre d’humour. Encore une fois, j’apprenais quelque chose d’elle en plus, c’est qu’elle savait rire de certaines situations, et ça, ça me plaisait, ça montrait que Nina était une fille ouverte, qui pouvait montrer ses émotions dans certains cas. Après avoir fini de plaisanter, elle enchaina, plus sérieusement :

-Nan... j'ai rien d'autre. Et tant mieux d'ailleurs. Tu peux pas savoir comme c'est difficile de vivre avec ça. Il faut toujours que je fasse attention en ouvrant les portes, en tenant un verre, en serrant la main de quelqu'un... Ça m'est arrivé plusieurs fois de me couper. J'ai peut-être des os solides, mais ma peau n'est pas à toute épreuve.

Ce qu’elle me dit la me toucha, vu comment elle en parlait, c’était pas facile à vivre. Elle avait vécu des moments pas faciles, tout comme moi, et ça se ressentait quand elle parlait de son pouvoir. J’avais l’impression qu’elle était blessée, pas physiquement, mais mentalement et sentimentalement. Juste après avoir parlé, je remarquais qu’elle était en train de regarder ses paumes de mains, on y voyait distinctement de petites traces de coupures. Je me demandais comment elle s’était fait ça aux mains. Nina ne semblait pas être le genre de fille qui ferai du mal à quelqu’un, alors pourquoi avait-elle été blessé ? L’idée que cette fille attendrissante souffre me déplaisait un peu. Elle ajouta alors :

-Ah... Avec ma force, j'arrive à sauter assez haut, dit-elle en souriant. Le problème, c'est l'atterrissage.

Elle se mit à rire après avoir dit cela. Une fois de plus je remarquais qu’elle avait de l’humour, et qu’elle rigolait de son expérience passé. Je m’imaginais la scène brièvement : une fille qui essaye de sauter, du coup elle saute assez haut à cause de ses capacités, et retombe au sol un peu violemment… ça doit être bizarre à voir quelqu’un sauter plus haut que la normal. Elle m’adressa la parole de nouveau :

-A vrai dire, ça fait pas longtemps que je possède ce pouvoir... Je ne le maîtrise pas et honnêtement, j'ai un peu peur d'essayer de m'en servir.

Je l’entendis distinctement soupirer, et me dit qu’elle devait peut-être soulagée d’avoir fini de parler de son pouvoir. Il était assez impressionnant, et surtout, je trouvais qu’il s’opposait un peu à son genre, et son physique. Je me demandais à quel point elle était forte, vu comment elle en parlait, c’était loin de ce dont j’étais capable. Mais moi qui voyais son pouvoir comme quelque chose qui pouvait s’avérer utile dans certaines situations, elle, avait l’air d’en souffrir, et il semblait l’empêcher de profiter pleinement de sa jeunesse. D’un côté, je la comprenais, moi aussi pour ma part, ne maitrisant pas toujours la bête qui était en moi, il m’arrivait de faire des choses non voulues. Et c’est pour cela que j’aimais être seul dans mon coin. C’est tout simplement parce-que si je me transformais en étant seul, j’avais beaucoup moins de chances de faire du mal autour de moi.

Je décidai alors de lui proposer quelque chose :

-Si ça te dit, on pourrait s’entrainer à deux à l’occasion. Par exemple toi tu t’occuperai de surveiller que je perde pas les pédales en me transformant. Et moi de mon côté, j’essaierai de t’aider du mieux que je peux. Pour que tous les deux on apprenne à mieux connaitre notre pouvoir. En plus si ça se trouve, tu peux faire d'autres trucs avec ta force, faudrait qu'on y réfléchisse ensemble.

Juste après avoir parlé en la regardant dans les yeux, j'étais un petit peu gêné, et je me penchai alors en arrière en m'appuyant sur le bureau, regardant en l'air afin d'essayer de ne pas rougir. Ce que je venais de lui proposer était comme si je lui demandais qu'on passe du temps ensemble, et évidemment, je me mis à rougir légèrement.

Une fois que j’eu fait ma proposition, Nina y réfléchit quelques instants. De mon côté je souhaitais de toutes mes forces qu’elle accepte ce que je venais de dire. Ça me permettrai de mieux la connaitre et d’en apprendre plus sur elle et son « don ». Elle me répondit alors :

-Marché conclu !

J’étais aux anges qu’elle réponde par l’affirmative et je ne pouvais empêcher un petit sourire d’apparaitre sur mon visage. Moi qui pensais qu’elle refuserait, je me suis rudement trompé. C’est alors qu’elle me tendit la main, surement pour confirmer notre accord mais avant que je n’ai le temps de faire quoi que ce soit, elle rabaissait sa petite main doucement, annulant notre serrage de mains. J’étais assez déçu par cette action de sa part, mais je me remémorai alors ses mots : « c'est difficile de vivre avec ça. Il faut toujours que je fasse attention en ouvrant les portes, en tenant un verre, en serrant la main de quelqu'un... ». En y repensant, pour elle, n’importe quel contact, qu’il soit avec une personne ou un objet, n’était pas évidant. Elle s’en méfiait, car elle ne voulait pas se blesser ou faire du mal, et ça, j’en étais à la fois admiratif et triste. Ce n’était pas facile à vivre, et je me demandais comment elle faisait pour tenir le coup et arborer ce délicieux sourire qu’elle a eu précédemment.

Tout à coup, Nina se releva et me dit en souriant de nouveau :

-Bon, tu dois être fatigué... Je vais te conduire à ta chambre.

Elle n’avait pas tort, j’étais un peu fatigué d’avoir marché jusqu’au pensionnat, puis notre discussion m’avait fait pensé à quelques souvenirs douloureux… Nina se retourna alors pour se diriger vers un couloir. Je me mis donc à la suivre, ni trop près ni trop loin, en regardant un peu autour de moi. On marchait depuis environ une quarantaine de seconde lorsqu’on longea une salle de classe vide. Alors voilà à quoi allait ressembler l'endroit où je suivrai mes cours… me dis-je intérieurement. C’était un local plutôt simple, propre, qui avait l’air de pouvoir contenir une bonne vingtaine d’élèves. Il y semblait bon d’y étudier. Lorsque mon regard quitta cette salle sur le côté du couloir pour regarder Nina de dos, je repensai à sa main, qu’elle avait rabaissé par peur de se faire ou de me faire du mal. Et me vint alors une idée en tête, que je m’empressai de mettre en application :

-Hé Nina, je peux te demander un truc ? Lui dis-je le plus simplement du monde.

Je devais vraiment passer pour un idiot ou un curieux à ses yeux avec toutes les questions que je posais, mais bon, qui ne tente rien n'a rien comme on dit.

Après ma question, Nina se retourna pour se mettre face à moi. Au mo-ment où elle se retourna vers moi, j'aperçue un petit détail dans sa tenue. En effet, le T-shirt qu’elle portait en dessous ne couvrait pas com-plètement une de ses épaules, et je pus apercevoir au moment où elle se retourna, cette belle épaule, mais qui semblait tout de même fragile… Elle pencha alors la tête sur le côté en me répondant :

-Hmm... oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Je sentais mes joues se teinter légèrement de rouge, à cause de l’émoi provoqué de cette parcelle de peau que j’avais aperçu, mais aussi parce qu’il était fortement possible qu’elle se soit rendu compte, où mon re-gard s’était posé. La manière dont elle avait penché sa tête me charmait au plus haut point. On aurait dit une petite fille qui parlait à un petit gar-çon. Ayase avait souvent ce petit penchage de tête quand elle était intri-guée par ce que je disais. Et ça ne me donnait envie que d’une chose, finir de raconter ce que je voulais lui dire. Vu que Nina m’avait répondu positivement, je me décidai à lui dire, les yeux dans les siens, avec un regard sincère :

-Ferme les yeux et tends ton bras droit vers moi. J’vais te montrer un truc sympa.

En attendant sa réponse, je me rapprochais un tout petit peu d'elle, sans être trop prêt, pour pas qu'elle prenne peur. J’étais un petit peu hésitant, car ce n'était pas dans mes habitudes d'aller vers une fille. Mais Nina était différente, elle avait quelque chose que je ne connaissais pas, une part de mystère, et des yeux à me couper le souffle, et pour le reste, elle semblait être une fille simple et de très bonne compagnie.
Je me demandais si elle allait le faire ou non, peut-être elle allait me demander pourquoi je voulais qu’elle fasse une telle chose, ou sinon, elle allait bien vouloir accepter à ma requête. J’espérai intérieurement qu’elle dise oui, pour pouvoir enfin avoir mon premier contact physique avec elle. Je me demandais si sa peau allait être douce, ou plutôt sèche… D’après son gabarit, et son allure, elle avait l’air d’une fille bien, qui prenait surement soin d’elle. Mais comme je le savais, il ne faut pas toujours se fier aux apparences…

Après ma question, je la vis froncer les sourcils. Elle avait l’air d’être devenu méfiante. Et plus je la regardais, avec ses sourcils froncés, plus je me disais qu’elle devait se poser des questions sur la situation, et pourquoi je voulais qu’elle fasse ça. Moi aussi à sa place, quelqu’un que je connais depuis peu comme cela, je me demanderai ce qu’il en est, et je douterai aussi. C’est alors qu’elle m’adressa la parole :

-Euh... Okay.

Elle tendit alors son bras fin vers moi, caché sous sa doudoune, mais plutôt lentement. Ça montrait clairement qu’elle était hésitante, et qu’elle se souciait de ce que j’allais faire. Après avoir fait attention à son bras, je me mis à vérifier qu’elle fermait bien les yeux. Elle les ferma doucement, hésitante aussi à mon avis. J’avais l’impression qu’elle les avait mal fermés, car on aurait dit qu’il restait un tout petit espace entre sa paupière du haut et sa paupière du bas, espace quand même bien camouflé par ses longs et jolis cils. Je ne m’arrêtai pas sur ce détail, si elle voulait observer la scène, car elle était méfiante, je ne lui en voulais pas. J’aurai eu le même genre de réaction dans sa situation. Elle avait surement accepté car je n’ai pas l’air bien méchant. Puis en plus, je ne ressemble pas à une brute, je ne suis pas du genre baraqué, se la racontant, montrant ses muscles, en étant irrespectueux et vulgaire avec les gens, je vais pas lui faire du mal… Mais maintenant que j’y pense, c’est vrai que mes yeux peuvent faire un peu peur. On pourrait croire que je suis aveugle, alors quand je regarde quelqu’un dans les yeux, il doit être un peu troublé au début. Et d’ailleurs, elle sait aussi que je suis un loup-garou, et que je peux parfois perdre le contrôle et devenir violent.

Maintenant que son bras était à portée, je me décidais à agir, et attrapai sa petite main, la serrant comme je la sers usuellement quand je dis bonjour à quelqu’un. Je ne savais pas comment elle allait réagir, et m’empressais de lui dire pourquoi je lui serrai la main :

-LA, on peut dire marché conclu. Tu ne penses pas ? Dis-je, avec un sourire sur le visage, en la regardant en direction des yeux.

Je me demandais tout de même comment elle allait réagir, si elle allait me serrer la main elle aussi, ou simplement s’écarter en brisant le contact. En tout cas, une chose était sûre, j’étais plutôt émue par la situation. Sa main était certes, un peu plus petite que la mienne, mais la douceur de cette dernière, était sans précédent à ma connaissance. La deuxième sensation que j’eu me sorti de ma stupeur. En effet, sa paume de main, que j’avais contre la mienne n’était pas vraiment douce, au contraire, j’avais l’impression qu’elle était un peu abimée. Ça me fit tilt, je me rappelai qu’elle avait des cicatrices de coupures aux mains. J’avais bien fait de pas trop trop lui serrer la main, j’aurai pu lui faire mal…

Elle était gênée par notre contact, et se mit à rougir et fuir mon regard.
Puis elle rompu notre serrage de main, sans me serrer la mienne, sure-ment par peur de me faire mal, et me répondit :

-Oui c'est vrai, maintenant c'est un marché...

J’étais assez content qu’elle m’ait timidement répondu comme cela, je lui avais peut-être fait peur, mais elle n’avait pas détesté ça, et elle me le faisait savoir en me répondant gentiment.

C’est alors que Nina se retourna et se remis à marcher, surement en direction de ma chambre. Je la vis alors doucement mettre ses bras vers l’avant, mais rien de plus, car j’étais dans son dos. Je me doutais qu’elle était en train de regarder ses mains ou ses avant-bras. Je pense qu’elle devait être un petit peu déçu de ses mains, qui avaient leur paume abimée, et que du coup, elle devait penser que le contact de ma main avec la sienne n’avait pas été agréable. Mais elle se trompait, c’est vrai que c’était différent du fait de serrer la main de quelqu’un qui n’a pas les mains abimées, mais j’avais aimé. C’est comme par exemple lorsqu’on sert la main d’un artisan ou d’un paysan, et que l’on sent à ses mains que c’est un travailleur ou qu’il a fait de grandes choses. Pour Nina, c’était un peu ce genre de sensation que j’avais eu, mais j’avais vraiment été impressionné, car cette fille semblait simple, innocente, et je me demandais comment elle s’était fait ces « marques » aux mains. Je lui demanderai plus tard, si je la revois. Une fois fini de réfléchir au contact que nous avions eu, je me reconcentrai dans mon suivi de Nina, car oui j’étais actuellement en train de la suivre pour me rendre à ma chambre. Elle semblait savoir où elle allait, et j’étais content d’être tombé sur elle, je suis sûr que j’aurai pu tomber sur quelqu’un de beaucoup moins gentil et sympathique, mais aussi sur un garçon, ou sinon une autre fille. Mais j’étais tombé sur une fille intrigante, qui éveillait en moi ce petit soupçon de curiosité, et me demandait d’en apprendre plus, et pas seulement, elle avait aussi un certain charme, auquel je n’étais pas indifférent.

Nous avons alors atteint des escaliers, et nous avons commencé à monter. Une fois les premières marches passées, je relevais la tête pour voir ou en était Nina. Je tombais nez à nez avec une vue assez troublante, le dessous de sa petite jupe. J’étais à la fois surpris et émoustillé, mais gardant mon sérieux, je m’efforçai de penser à autre chose, de détourner mon regard pour éviter que si elle se retourne, et qu’elle tombe sur moi en train de la reluquer, tel un pervers. Pervers, que je n’étais pas, puis j’avais pour rien au monde envie qu’elle pense que je suis ce genre d’homme, obnubilé par le physique ou la sexualité. Quelques marches plus haut, elle se mit à accélérer le pas, je me demandais un peu ce qu’elle faisait, mais qui sait, peut-être avait-elle sentit que sa jupe était un peu trop courte pour qu’elle me devance durant la montée des escaliers. Je ne me mis pas à la suivre à sa vitesse, ça aurait été carrément suspect… Et je finissais de monter les escaliers pour la rejoindre à mon rythme.

Lorsque je la rejoins, nous nous engagèrent dans un couloir qui a première vue, semblait être le couloir des dortoirs. En effet, chaque porte que je voyais était numérotée, et plus nous avancions, plus les numéros augmentaient. Je vis alors Nina jeter un coup d’œil vers l’une des chambres pour voir à laquelle nous étions arrivés, puis elle se retourna vers moi, avec un sourire gêné pour me dire:

-Voilà, t'es arrivé !

En effet, nous étions maintenant devant la chambre 16, qui était la mienne. Je m’avançai alors devant Nina pour rentrer dans la chambre, et je jetai le peu d’affaires que j’avais sur le lit, puis je revins à la porte que j’avais laissée ouverte. Appuyé sur le mur, dans l’entrée de la chambre, je me mis à la regarder dans les yeux avec un sourire.

-Bon bah, on dirait que je suis arrivé. Je te remercie beaucoup de m’avoir guidé jusqu’ici. C’était vraiment aimable de ta part de m’accueillir. J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir… dis-je, en me grattant l’arrière de la tête, un peu gêné et rougissant.