Arrivée au hall

Rikui se sentait mal à l'aise dans cet endroit étrange. Il n'était pas habitué à sentir son corps se mouvoir indépendamment de sa volonté et il ignorait tout des plans de la démone qui le contrôlait. Il avait passé les derniers jours à rassembler de l'énergie pour repousser l'intruse mais ses efforts étaient restés vain. Il avait été incapable de bouger le petit doigt. Cependant une connexion semblait s'être établie entre leurs deux esprits et ils pouvaient se parler l'un l'autre.
- Arrête de bouder, intervint la démone comme si elle avait lu ses dernières réflexions. Tu es dans un pays étranger, tu devrais au contraire profiter de ce qu'il t'arrive. C'est l'aventure que tu désirais par-dessus tout!
Le jeune garçon garda un silence borné. La belle aventure que voilà ! Il était coincé à l'intérieur de son propre corps sans possibilité d'influer sur les choses extérieure et, par-dessus le marché, accoutré de vêtements féminins. Malgré ses efforts pour l'en dissuader, la démone s'était montrée inflexible, poussant même l'insolence jusqu'à aller se maquiller.
Rikui était mort de honte. Que dirait ses parents si jamais ils le voyaient ainsi ? Ils ne le reconnaitraient probablement même pas. Il avait l'air d'une poupée barbie qu'une fillette faisait bouger. Sauf que dans ce cas là, la fillette était une démone bien décidée à profiter du monde des humains.
La démone s'arrêta enfin sur le seuil d'un gigantesque hall. L'endroit était vraiment impressionnant. Du peu qu'il en savait, Rikui déduisit qu'il s'agissait du pensionnat Kageshiro. Il savait également qu'on y donnait des cours aussi divers que variés et que toutes les races étaient admises en son sein. C'était d'ailleurs sûrement la raison pour laquelle la démon avait choisi cet endroit.
- Il n'y a personne, dit-il à son intention.
- Tais-toi, je ne m'entends plus penser, répliqua-t-elle un peu sèchement.
Elle fit le tour du propriétaire, regardant par une fenêtre par-ci, essayant d'ouvrir une porte par-là. Il n'y avait pas âme qui vive. Tel un félin en cage, la démone tourna en rond quelques temps avant de se diriger vers la sortie. En un sens le jeune homme était soulagé. Il évitait l'humiliation d'être confronté à une tierce personne.
Ils n'étaient plus qu'à quelques pas de la porte lorsque la démone fit pivoter son corps en un demi-cercle parfait et porta ses mains en porte-voix.
- IL Y A QUELQU'UN ? hurla-t-elle tandis que l'écho rebondissait contre les murs comme une réponse de plus en plus lointaine.
Elle avait prononcé ces mots avec la même voix que Rikui mais quelque chose dans son intonation avec quelque chose de différent. Un accent impropre aux humains, quelque chose de... démoniaque.
S'il en avait encore, le sang du garçon se serait glacé dans ses veines.