Un petit démon face à un ange : Drôle d'accueil... [Pv Medea]

« Clap ! Clap ! » faisaient les chaussures hautes de Medea Belladone alors que celle-ci traversait les couloirs, pleine d’assurance et le buste droit. C’était ce qu’on pouvait appeler un bon jour pour elle. Pas vraiment un jour de chance particulière, il ne lui était rien arrivé d’inhabituel mise à part sa petite mission, mais plutôt une journée où elle se sentait belle, sûre d’elle et en confiance. Son petit ami lui avait acheté de jolis nouveaux vêtements tout à fait différents de ce qu’elle avait l’habitude de porter et elle se rendait compte qu’un souffle de jeunesse et de vie l’animait lorsqu’elle portait des vêtements à la mode. Elle se demandait effectivement pourquoi elle n’avait pas songé plus tôt qu’il était ridicule de sa part de se faire subir des régimes alimentaires si stricts si c’était pour cacher son corps derrière de longues robes d’allure presque victorienne. Elle n’avait même pas tant de différence d’âge que ca avec les élèves du pensionnat.

En saluant et en adressant des nuées de sourires à tous ceux qui croisaient son chemin et en s’entrainant à marcher en ligne, elle descendait doucement mais sûrement vers le hall, ses longs cheveux blancs flottant derrière elle comme un voile. Elle avait en effet eu l’ordre d’accueillir le nouvel élève qui était attendu. Le hall grouillait comme une fourmilière d’élèves de toutes races qui sortaient, regardaient les programmes du week-end ou les cours de la semaine, ou étaient tout simplement venus dire au revoir à ceux qui rentraient chez leurs familles. C’était un joyeux bazar que ce hall le vendredi soir et elle se demandait comment elle ferait pour apercevoir le nouveau venu dans toute cette agitation. Se frayant un chemin entre les gens elle se dirigea rapidement vers l’accueil et bondis souplement de l’autre côté en prenant garde à ne pas abimer ses chaussures. Elle ouvrit le tiroir dans lequel étaient conservés les dossiers d’arrivée et à l’aide de la clé grossièrement cachée dans un petit pot et se saisis de la première feuille sur le dessus. Son regard se perdit un instant dans les informations avant qu’elle ne trouve la date en haut de la feuille. Celle-ci correspondait bien avec l’arrivée d’aujourd’hui.

Elle s’assit donc sur la chaise derrière l’accueil, en scrutant la masse vivante des yeux, espérant trouver l’âme perdue qu’elle cherchait. Le hall commençait à se vider peu à peu lorsqu’un surveillant la trouva pour lui annoncer que le nouveau était arrivé, lui faisant un geste rapide vers un coin de la salle avant de repartir aussi vite qu’il était venu. Elle vit effectivement un jeune homme aux cheveux blancs qui regardait avec des yeux écarquillés tout ce qui pouvait passer devant lui. Elle sauta à nouveau par-dessus le comptoir, sa fiche dans les mains et rejoins le nouvel élève.

« Bonjour ! » dit-elle avec son habituel sourire.

Ce n’était pas seulement un sourire de politesse : elle adorait voir les yeux des nouveaux arrivants briller en voyant la diversité des gens qu’on pouvait croiser en ce lieu. Elle aimait cet endroit plus que n’importe où et était toujours ravie de partager son admiration pour le pensionnat. Elle jeta un œil à la fiche pour interpeller correctement le jeune garcon.

« Tu es bien Red Freyar ? Je suis Mlle Belladone, je suis professeure ici et c’est moi qui vais te montrer l’école. »

Elle lui laissa un peu de temps pour se remettre de ses émotions et lui demanda :
« Tu es fatigué ? Tu as faim ? Si tu as besoin de quoi que ce soit n’hésite pas, tu ne manqueras de rien ici. »

Ainsi, assis sur sa valise, il attendait, il attendait. Quelqu'un viendrait surement, tôt ou tard, l'accueillir. Il regardait toujours, dans un regard vague, et lointain, les têtes qui défilaient dans le vaste espace qu'était le hall. Nekos, Loups-Garous, Démons, Anges, Vampires...Et même des humains. Parfois, il pouvait voir un hybride par-ci par là. C'était fou, que, toute cette variété anormale était en réalité si civilisée. Etait-ce du à leur jeunesse? A leur fougue? Se battaient-ils en dehors du pensionnat? Aucune idée, mais Red le découvrirait bien assez tôt, en tout cas il en avait l'impression.

Son attente semblait durer éternellement, à force. Il commençait à se lasser d'admirer la variété de la foule locale. Mais, un "clap clap clap" attira son intention. Red regarda alors la provenance de ce bruit. Des talons? Oui, surement. Des talons qui claquaient contre le marbre froid et blanchâtre du hall. Vint alors la provenance du bruit, qui venait vers l'accueil, toute souriante. C'était une femme magnifique, aux cheveux blancs et aux yeux clairs, plutôt grande, qui portait des habits à la mode...Très, très belle. Si bien que Red en resta subjugué. Est-ce qu'elle était sa professeur? Un ange pareil l'accueillirait au pensionnat?

...Avec du recul, il se dit que c'était impossible. Après tout, les professeurs sont d'habitude vieux, stricts, et s'habillent avec leurs rideaux, qu'ils lavent une fois par an. A la regarder, elle ne pouvait pas du tout être une prof' : Elle était jeune, environ 20 ans. Magnifique, d'une beauté divine. Elle s'habillait à la mode, si bien que ces habits faisaient très bien sur elle. Comment pouvait-elle être un professeur alors qu'elle semblait très gentille, qu'elle était belle et sans une ride? Red la suivait du regard. Elle semblait prendre quelques feuilles, et sauta par dessus le comptoir. Et Red cligna des yeux, de gros yeux ronds encore plus émerveillés. Et en un instant, elle fut devant lui, le sourire au lèvres. Ca l'a tellement surpris...et elle était si belle, que l'Albinos fit une erreur d'innatention. Sa valise rippa, et il tomba au sol, sur les fesses, regardant la jolie professeur...Parce que oui, apparament, elle était la prof chargée de l'accueillir.

"Bonjour! Tu es bien Red Freyar ? Je suis Mlle Belladone, je suis professeure ici et c’est moi qui vais te montrer l’école."

Red n'arrivait pas à parler. Il arrivait juste à balbutier un peu, et à la regarder, bêtement, avec des yeux ronds comme des soucoupes. Il fallait croire que Mademoiselle Belladone était vraiment charmante.

"Euh...Ben...euh je...euh...euh...
- Tu es fatigué ? Tu as faim ? Si tu as besoin de quoi que ce soit n’hésite pas, tu ne manqueras de rien ici."

Red se décida alors à prendre la parole.

"Je ne suis pas fatigué, je n'ai pas faim non plus...Mais je vous suivrai n'importe où durant cette visite, même si je dois me coltiner cette valise..."

Il désigna alors la valise rouge vermillon, et il commença à s'attarder sur la jeune demoiselle, faisant appel à tous ses sens pour récolter des informations. Comme une analyse. Et c'était parti. Un temps de silence se fit. L'ouie, la vue, l'odorat. Ces trois sens primordiaux détectèrent chaque détail de Mademoiselle Belladone, et il en fit son rapport à la charmante jeune femme devant lui.

"Mademoiselle Belladone. C'est la première fois que vous portez ces habits à la mode, n'est-ce pas? On peut le voir, car les plis sur les habits sont peu marqués. D'ailleurs, l'odeur que dégage votre parfum est légèrement mélangée à l'odeur de neuf de vos vêtements, fraichement achetés. Votre petit ami, peut-être? Une femme aussi belle que vous ne peut qu'avoir le coeur pris. Je me demande bien ce que vous portez à l'accoutumée. Cela dit, malgré vos habits habituels, peut-être ringards, je n'en sais rien, vous êtes de nature gentille et enjouée. J'ai pu le constater grâce à votre sourire alors que vous avez été ordonnée de guider un nouveau, qui doit être une tâche très embêtante, mais que vous prenez avec le sourire. Votre gentillesse est prouvée par l'attention que vous portez alors que je ne suis qu'un inconnu, et surtout un simple élève. Certains professeurs se contentent simplement du strict minimum, à savoir transmettre les connaissances, et rien d'autre."

Red s'arrêta. Son analyse s'était stoppée ici. Et il réalisa ce qu'il venait de sortir à mademoiselle Belladone. Il se mit à rougir de honte, jamais il n'aurait du dire ce genres de chose. Le jeune garçon aux cheveux blancs réalisa qu'il avait soudainement manqué de respect à mademoiselle, et se répandit en excuses, tenant fermement sa valise, signe de son stress.

"D...Désolé! Je ne voulais pas manquer de respect...Allez devant s'il vous plait, je vous suivrai..."

Et ainsi commençait les premiers contacts de Red dans ce pensionnat.